René Bourlier nous a quittés

Dimanche 29 mars nous apprenions le décès des suites du Covid-19 de notre frère René, âgé de 79 ans. René était, ensemble avec son épouse Elisabeth, membre engagé de l’EER depuis les années 70. Le couple n’avait pas d’enfants. Directeur très connu d’une société de déconstruction de voitures, René et Elisabeth avaient quitté la région pour s’installer pour près de 11 ans en France, sur la côte méditerranéenne. Revenu à Genève en 1999, René a été victime d’un violent AVC en 2002, ce qui le laissa fragilisé et très atteint dans sa santé. Le décès de sa chère Elisabeth en septembre 2015 fut pour lui un choc dont il se remit difficilement.

L’EER est reconnaissante à Dieu d’avoir connu ce frère au cœur sensible malgré son approche souvent rustre, sa façon d’exprimer son humour, il avait entre autres dirigé le département de l’enfance durant des années. Ne manquez pas de lire ci-dessous un extrait de son témoignage de conversion :

Quand on prend Dieu au mot

Je vous le dis : dès ma naissance la main de Dieu était sur moi.
Je viens d’une famille nombreuse, composée de neuf frères et sœurs. Comme dans beaucoup de familles, certains désaccords survenus entre ma sœur Henriette et moi faisaient que, fâchés, nous n’avions plus de relations depuis un certain temps. Pourtant, en mars 1971, elle nous écrivit que Dieu, dans sa grande bonté, l’avait guérie d’une grave maladie du pancréas, qu’elle voulait dorénavant remettre de l’ordre dans sa vie en faisant la paix avec sa famille, afin de vivre comme une vraie chrétienne. Elle nous demandait donc pardon et désirait nous revoir.

Mon épouse Elisabeth et moi-même sommes restés très sceptiques vis-à-vis de cette démarche, que nous avons trouvé bizarre et que nous avons mis sur le compte « d’une lubie religieuse ». Je n’y ai pas donné suite.

Pourtant, trois mois plus tard, mon épouse, qui avait malgré tout été touchée par le contenu de cette lettre, dans laquelle Henriette parlait de Dieu, me fit la surprise de l’inviter à déjeuner un dimanche midi avec son mari, à la sortie du culte auquel ils assistaient désormais chaque dimanche.

Henriette me fit alors le récit détaillé de sa guérison qu’elle qualifiait de divine. Elle souffrait d’une très grave pathologie du pancréas et les médecins ne lui laissaient pas beaucoup d’espoir. Elle subissait des crises atroces de plus en plus rapprochées qui l’épuisaient. Son état de santé avait fini par produire en elle beaucoup de colère et un dégoût de vivre, qui l’avait même conduite à avoir des pensées de suicide. Elle me raconta que sa coiffeuse et son mari, qui étaient des chrétiens convaincus, avaient un jour commencé à prier pour sa guérison alors qu’elle avait été prise d’une crise en leur présence. Elle avait ressenti un soulagement immédiat et, très étonnée, leur avait posé des questions sur leur foi. Ils lui avaient expliqué être membres d’une église où l’on priait, entre autres, pour la guérison des malades. De ce fait, ma sœur et son mari les avaient accompagnés au culte le dimanche suivant. Suite à la prière de l’assemblée, Henriette avait été complètement guérie, à la grande perplexité des médecins.

Elisabeth et moi n’étions pas du même avis sur cette histoire. Moi, je pensais fermement que tout cela était complètement psychique : tant l’origine de la maladie, que la prétendue guérison divine. Elisabeth, quant à elle, était convaincue de l’intervention miraculeuse de Dieu dans la vie et la santé d’Henriette.

C’est ainsi que, petit à petit, Elisabeth commença à accompagner ma sœur et son mari au culte. Elle se mit à fréquenter de plus en plus assidûment l’église. Sans m’opposer à elle, je n’allais cependant pas jusqu’à l’y suivre. Un jour, elle m’annonça qu’elle avait décidé de se faire baptiser. J’ai assisté à la cérémonie du fond de la salle et je dois dire que c’était très émouvant, mais sans plus. Pour moi, cela en est resté là.

En février 1972, nous sommes partis en vacances en Tanzanie et nous avons fait la connaissance, dans notre hôtel, de deux couples allemands avec qui nous nous sommes liés d’amitié, malgré la barrière de la langue. Après quelque temps, l’un des deux messieurs allemands s’est mis à souffrir de l’estomac : il avait en fait un ulcère à l’estomac et ses médicaments ne lui faisaient plus d’effet. Il allait devoir être rapatrié au plus vite dans son pays pour être soigné car il ne souhaitait pas être soigné sur place. J’ai alors commencé à penser au « fameux Dieu » de ma sœur. Au-dedans de moi, je lui ai parlé : « Si tu existes vraiment, si c’est vrai que tu as guéri ma sœur, si tu es réellement celui qu’elle dit, alors, tu vas guérir cet homme et… tout de suite ! Alors, je te fais la promesse de croire en Toi, j’irai à l’église tous les dimanches et je ne faillirai jamais à ma parole. » Pourtant, même après avoir fait cette prière, je restais persuadé que je ne risquais absolument rien car cela n’arriverait pas…

Quelle ne fut pas ma surprise de voir, quelques heures plus tard, notre ami allemand, attablé dans la salle à manger de l’hôtel, en train de manger de bon appétit, alors que cela faisait plusieurs jours qu’il ne pouvait pas avaler une miette à cause de ses maux de ventre ! Je restai bouche bée et, très curieux d’avoir plus de détails sur la santé de mon ami, je demandai à Elisabeth d’aller prendre de ses nouvelles.

Voici ce qu’il répondit :
« Oui je vais très bien. Je ne sais pas ce qui s’est passé, c’est incompréhensible : tout d’un coup, mes douleurs ont cessé. J’ai eu très faim, j’ai mangé et je me sens mieux que jamais. J’ai annulé mon retour et j’ai bien l’intention de terminer mes vacances ici comme prévu. C’est comme un miracle ! »

Dieu m’attendait au tournant : j’avais une belle promesse à tenir. Eh oui, j’allais maintenant accompagner mon épouse à l’église chaque dimanche. Bien plus tard, j’ai réalisé l’humour de Dieu : en tant que Français, élevé dans un climat de guerre et d’après-guerre, on m’avait inculqué la haine envers les Allemands qui étaient les ennemis de l’époque. Et Dieu avait placé sur mon chemin, parmi tant d’autres nationalités, cet homme allemand, qui était devenu mon ami et pour qui j’avais fait ma première prière.

J’ai tenu ma promesse, jusqu’à ce jour ; au début, c’était presque à contrecœur, parce que j’avais peur que mon ami ne retombe malade si je ne tenais pas parole. C’était presque uniquement par obligation que je me rendais à l’église.

Puis, les choses ont commencé à changer : j’ai fait le pas de m’engager comme moniteur à l’école du dimanche, service que j’ai énormément aimé et exercé durant de nombreuses années. Ma foi s’est encore affermie lors d’une entorse luxée survenue en jouant au ballon et qui a été guérie en une nuit, grâce aux prières de l’assemblée. Le médecin qui devait me mettre un plâtre n’en croyait pas ses yeux : il avait en main la radiographie prouvant que j’avais une entorse luxée, mais n’en trouvait aucune trace sur mon corps.

Elisabeth a également été guérie d’une maladie qui avait duré onze années. Ma mère, à qui j’ai eu l’occasion de parler de Dieu, a elle-même vécu une guérison spectaculaire alors que les médecins ne lui donnaient plus d’espoir ; elle est sortie de l’hôpital complètement guérie, sans intervention. Et je le redis : dans tout ce qui m’est arrivé depuis mon enfance, la main de Dieu était sur moi.