Ta lettre m’aide à continuer

"Ta"Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez aussi prisonniers; de ceux qui sont maltraités, comme étant aussi vous-mêmes dans un corps." (Hébreux 13.3)

La persécution sévit de plus en plus violemment dans de nombreuses régions du monde. Aujourd’hui, c’est dans des pays où les chrétiens sont minoritaires qu’elle frappe le plus, ces derniers étant perçus comme des menaces par les autorités publiques en place. Quelle doit être notre attitude vis-à-vis de ces frères et sœurs qui souffrent à cause de Jésus ? Leur sort nous intéresse-t-il ?

Dans Galates 6.2, Paul nous exhorte à porter les fardeaux les uns des autres. On veut bien, mais comment faire alors qu’ils sont si loin de nous ? Le verset cité en introduction nous encourage à nous identifier pleinement à tous ces gens maltraités. C’est un exercice difficile, mais dit autrement, soyons vraiment conscients de leur souffrance comme si elles étaient nôtres.

Je pense vraiment que les femmes chrétiennes ont une mission importante auprès des autres femmes, notamment celles qui ont besoin de soutien dans leur cheminement avec Jésus. Depuis quelques mois maintenant, le groupe de dames de notre communauté, en collaboration avec l’organisation Portes Ouvertes, a à cœur de soutenir les femmes persécutées en leur écrivant des lettres d’encouragement. Une manière assez simple d’exprimer notre compassion et nos sentiments envers elles, néanmoins, ces lettres jouent un rôle important dans la vie de ces femmes.

Voici l’histoire de Déborah, une femme nigérienne à laquelle l’une de nous a probablement écrit : "C’était la fin de la journée, en avril 2012, je rentrais, comme tous les jours de mon travail. Mes deux fillettes, 7 et 9 ans, sont venues joyeusement m’accueillir. Mon fils était absent. Mon mari préparait l’étude biblique du soir. Je lui ai offert d’aller chercher de l’eau au puits, pour son bain. A mon retour, deux inconnus se tenaient à l’entrée de la cour. J’ai pris peur. J’ai forcé le passage et ils m’ont suivie. Inquiète, je voulais prévenir mon mari mais je n’en ai pas eu le temps. Ils m’ont bousculée et obligée à rester couchée. J’ai alors entendu mon mari prier : "Père, aujourd’hui je viens vers toi, s’il te plaît reçois mon âme." Un des deux hommes s’est moqué de lui et a tiré, le tuant sur le coup! J’ai pensé que c’était fini pour moi aussi et j’ai crié à Dieu. A ce moment-là, mes petites filles sont sorties, effrayées. Avant même de pouvoir les prendre dans mes bras, les deux hommes les ont attrapées puis emmenées brutalement. Je les ai suppliés de relâcher mes enfants mais ils m’ont frappée. J’ai appelé au secours, mais personne n’est intervenu. En octobre, lors de la célébration en l’honneur d’un leader de Boko Haram, des membres du groupe ont forcé ma maison et sont venus tuer mon fils, le dernier enfant qui me restait. Je suis anéantie. Je supplie Dieu tous les jours de me montrer si mes filles sont encore en vie pour que je puisse au moins sourire une minute."

Récemment, des collaborateurs de Portes Ouvertes lui ont rendu visite. Alors qu’ils n’ont pas voulu apporter les 20 kilos de lettres (soit des centaines) adressées à cette dame par mesure de prudence, le fait juste de savoir que des centaines de personnes la portent dans la prière l’a émue : "Je ne suis pas digne de toute cette attention mais je comprends maintenant pourquoi je garde la paix. Je réalise que je ne suis pas seule. Cet amour m’aide à continuer et m’encourage à vivre pour Christ. Le Seigneur bénira ceux qui prient pour moi."

Ainsi, chères sœurs, notre contribution, aussi minime soit-elle, est précieuse pour ces femmes qui sont si loin de nous. Ne nous lassons pas de faire le bien et continuons à les aider à porter leurs souffrances et à intercéder pour elles devant le trône de la grâce.