La question qui m’a remis sur le bon chemin

Je m’appelle Munzila Bonono. Je suis né à Kinshasa en République démocratique du Congo. Issu d’une famille composée de quatre garçons, je suis le troisième.

Cela fait environ une année et demie que j’ai fait le choix de marcher dans les voies du Seigneur.

Dès l’enfance, je me suis trouvé bercé dans la spiritualité. En effet, mes parents sont des chrétiens engagés qui nous inculquaient très tôt le respect des valeurs chrétiennes. La spiritualité a donc une très grande importance dans la famille.

J’ai été baptisé à l’âge de 8 ans et de 10 à 12 ans environ, j’ai été enfant de chœur à l’église du Sacré Cœur à Plainpalais où j’ai reçu ma première communion. J’avoue avoir eu un amour et un zèle à servir le Seigneur assez remarquable pour un jeunot de cet âge. Je prenais un grand plaisir à me lever très tôt le dimanche matin, courir à l’église, enfiler ma toge, mon crucifix et me tenir prêt pour servir lors de la messe.

Autant ces premières années d’amour avec le Seigneur furent magnifiques, autant celles qui suivirent furent peu glorieuses.

A l’adolescence, j’ai commencé à me focaliser sur ma propre vie : les copains, les copines, le sport, la musique etc. La crainte de Dieu s’est atténuée et je me suis retrouvé à faire des choses pas très flatteuses, entraînant des conséquences qui m’ont poursuivi même à l’âge adulte.

J’ai commencé à défier l’autorité de mes parents, mentir, désobéir, préférant m’entêter plutôt que d’écouter. Cette désobéissance a entrainé mes premiers échecs scolaires. Je me suis retrouvé à redoubler des classes parce que je passais plus de temps à traîner avec les copains, à faire du sport et à écouter de la musique plutôt que d’étudier.

A l’époque, j’aimais écouter du matin au soir un certain type de rap avec des paroles assez virulentes prônant la violence, l’égocentrisme, les vertus soi-disant de l’alcool et des drogues, la misogynie et parfois même le blasphème. En gros, sans m’en apercevoir je me plongeais constamment dans une atmosphère malsaine. "Ainsi la foi vient de ce que l’on entend" (Romains 10.17)

"Les mauvais amis corrompent les bonnes mœurs". J’ai pu me retrouver à commettre avec certaines personnes des actes répréhensibles par la loi et stupide juste pour prouver, impressionner, être dans le coup comme on dit.

A cela vient s’ajouter une vie d’adulte avec ses hauts et ses bas. J’ai découvert la vie nocturne et ses soirées très alcoolisées. L’alcool même dans le cadre festif reste un vice très dangereux qui a des conséquences physiques et morales. Dans ces sorties j’y ai dépensé énormément, ce qui a engendré beaucoup de dettes financières très regrettables m’ayant poursuivi pendant des années.

En bref, j’ai mené une vie partiellement dissolue, emportée par mes envies et mes pulsions, entraînant certes du positif dans certaines situations mais aussi du négatif dans bien d’autres. Revenir à Dieu, écouter mes parents, mes grands frères m’auraient sûrement évité quelques galères.

C’est fort de ces années d’agitation que j’en suis arrivé à faire un bilan de ma vie à l’âge de 32 ans.

Malgré certains déboires du passé, j’avais tout de même un bon boulot, un appartement, certains amis fidèles, une famille dévouée, donc tout pour être heureux. Pourtant je ressentais un manque et plus le temps passait et plus cela devenait pesant. Je crois que j’avais besoin de vivre autre chose, quitter les distractions, les choses futiles pour retourner à l’essentiel. Ce fut alors une période où je me suis isolé pour méditer un peu plus sur ces questions et ces inquiétudes qui me travaillaient intérieurement.

A la même époque, je voyais un vieil ami d’une religion différente avec qui on parlait de spiritualité, ce que j’avais mis de côté depuis des années.

Au printemps 2014, je me retrouvais à parler de Dieu avec cet ami et lors de la discussion, il m’a posé une question qui m’a déstabilisé. En effet, il m’a regardé dans les yeux et dit en ces termes : "Est-ce que tu crois vraiment que Jésus est mort pour nos pêchés et à tous ces pipos qu’ils veulent nous faire croire ?"

Face à son air dédaigneux, je me suis en premier lieu senti blessé et insulté puis ensuite un sentiment de doute s’est installé en moi. Je lui ai répondu que j’y croyais mais ma réponse était un "oui", plus pour défendre la religion de mes parents que pour prouver ma foi qui était très faible à cette époque.

En rentrant à la maison, je me suis demandé pourquoi j’avais ressenti de telles incertitudes. C’est comme si à travers cette interrogation, on remettait en question tous ces fondements chrétiens appris dès l’enfance. Est-ce que je croyais vraiment en Dieu comme je le prétendais ? J’ai fortement commencé à méditer là-dessus et petit à petit, je projetais de replacer la spiritualité et mes croyances au centre de ma vie.

J’ai commencé à relire, plutôt à lire, plus sérieusement la Bible afin d’actualiser voire de rafraîchir ma mémoire sur tout ce que j’avais pu apprendre sur Dieu depuis tout petit. Mon père m’avait offert à deux reprises une Bible, pourtant l’envie de la parcourir ne s’était jamais manifestée aussi vivement. Là, c’était différent, je sentais que j’en avais besoin, j’avais soif d’en apprendre plus et de comprendre. En parallèle, je suivais des prédications de divers hommes de Dieu tout aussi édifiantes les unes que les autres.

C’est lors de ces longs moments d’isolement et d’intimités avec Dieu que des changements extraordinaires se sont opérés.

En effet, au fil de mes lectures, j’ai pu combler mes lacunes et me recentrer sur ce qui forme l’essentiel de ma foi aujourd’hui. Du pêché originel et ses conséquences à la rédemption en Jésus-Christ qui est bel et bien mort pour nos pêchés. "Oui, aujourd’hui j’y crois fermement".

"La repentance", metanoia en grec : changement de pensée, de mentalité. C’est l’action de reconnaître et de confesser ses fautes dans le but de changer de vie. J’avais l’idée que pour ce faire, il fallait que je me retrouve obligatoirement devant un homme de Dieu, jusqu’à ce que ma mère me dise que je pouvais aussi le faire seul en m’adressant directement à Dieu.

Je m’empressai de rentrer et d’expérimenter cela en prière. Lors de ce face-à-face en pleine confession de mes fautes passées, je fus épris d’une profonde tristesse qui s’est traduite par des flots de larmes incessantes. J’étais là, seul au milieu de mon salon, les genoux au sol, les bras levés vers le ciel, les yeux en pleurs. La scène en aurait fait rire plus d’un, intrigué d’autres mais moi j’étais là, fier de ce que je vivais et ressentais. C’était comme si on m’allégeait d’un poids si douloureux pour laisser place à une grande paix dans le cœur.

Suite à telle expérience, on ne ressort pas indemne. L’importance de servir Dieu et de changer totalement de manière de vivre devenait pour moi une évidence. J’avais besoin de faire de l’ordre dans ma vie.

Depuis, j’ai mis un frein sur certaines amitiés, j’ai arrêté complètement la vie nocturne avec l’alcool fort, j’ai réglé toutes mes dettes financières contractées par une longue vie indisciplinée, j’ai combattu des mauvaises pensées, un fort esprit de pessimisme que j’ai masqué pendant des années et tout cela, je l’ai fait par la grâce et la force de Dieu. "Je puis tout par celui qui me fortifie" (Philippiens 4 :13)

La vie avec le Seigneur est une marche au quotidien – on avance en découvrant le plan de Dieu pour sa vie.